« A mesure qu'il se diminue, le pèlerin se sent plus fort, et même presque invincible. » 
Jean-Christophe RUFIN - Immortelle Randonnée

 
Le point de passage de la province de León à la province de Galice
Cette photo a été prise le 20 septembre par une jeune Française dont j'avais réparé le vélo - chaine coincée contre la roue arrière, juste une question de force de traction - quelques centaines de mètres plus tôt. Ce point de passage se situe dans la montée vers le sommet d'O Cebreiro à 1330 mètres d'altitude, à moins d'un kilomètre de ce premier village de Galice. 

Alors que sont ces « certificats » ?

Il s'agit essentiellement, pour les formalistes, de la Compostela, remise à Santiago par les autorités ecclésiastiques aux pèlerins qui peuvent justifier avoir parcouru au moins 100 km à pied. Je crois que c'est deux fois plus pour ceux qui y arrivent à vélo.

La mienne m'a été remise sur la base de 1.250 km parcourus au regard des tampons accumulés et datés sur la « credencial del peregrino » depuis le départ.

Mais à mon sens, la seule vraie récompense est le parcours lui-même, récompense quotidienne à bien des égards, et sans aucun doute, mais dans une moindre mesure, la joie d'atteindre le but, Saint-Jacques . Il y a aussi, bien sûr, ces petits tampons qui concrétisent le parcours effectué. Il en faut un par jour, puis deux par jour entre Sarria et Santiago dans l'aire des 100 derniers kilomètres pour éviter les tricheries de la part des « turigrinos » qui ont pris le chemin au plus près du but, et dont certains sont prêts à utiliser taxis et bus, leur but essentiel étant d'obtenir le bout de papier de la Compostela qu'ils montreront fièrement avec leurs bibelots made in China à leur retour. 

Inutile de dire que ces turigrinos sont quelque peu moqués et snobés par ceux qui ont parcouru 500, 800, 1.000 et même parfois plus de 2.000 kilomètres à pied pour parvenir à Saint-Jacques.

Mais peu importe ! Seul désagrément de ces troupes des derniers jours, il font ressembler le chemin à une procession ininterrompue, et beaucoup laissent leurs déchets sur le bord dela route. Avec les marchands du temple de Santiago, nous revenons à un monde factice avec coquilles et bibelots de Chine, groupes de touristes avec guides et restaurants à l'avenant.     

J'ai pourtant rencontré l'une d'entre eux, Parthénopie, une fleuriste Australienne de Sydney, qui ramassait consciencieusement les bouteilles en plastique abandonnées pour les transporter jusqu'à la poubelle sivante. Admirable, n'est-ce pas ? Elle s'est superbement intégrée à notre groupe par la suite, et je l'ai même revue à Porto sur la route de mon retour quelques jours plus tard.   

Alors, soyons brefs, et tout d'abord voici les estampilles faisant foi de mon itinéraire.
   
Ensuite, les certificats délivrés par les autorités de la cathédrale de Santiago, alias la fameuse et très convoitée Compostela, la générique, gratuite, et celle, plus détaillée, qui m'a coûté tout de même la somme de 3€.... Il faut que tout le monde vive, n'est-ce pas ?

Par ailleurs, il est remarquable que la cathédrale de Santiago demande la somme de 450 €, beaucoup moins modeste, et ce chaque jour, pour mettre en branle son encensoir géant, dont sont friands touristes et nombre de pélèrins, évènement déclencheur de milliers de prises de vue photographiques. J'ai entendu dire que les commerçants du coin participaient souvent à l'obole. Ils vendent sans doute mieux les jours où l'encensoir opère !!!