« Je pense aussi que nous sommes les rouages d'une horlogerie céleste. En plantant la pointe de nos bâtons dans le sol pour le repousser derrière nous, en une file ininterrompue et obstinée, nous, les pèlerins de Saint-Jacques, depuis des siècles, nous faisons tourner la terre. » 
Alix de SAINT-ANDRÉ - En avant, route !

 
Santander - Gijón
5 au 11 septembre
La citation ci-dessus, tirée du livre remarquable d'Alix relatant ses expériences du Camino, est bien sûr à prendre au second degré. Son bouquin est plein d'humour, décrivant le Chemin ici avec des anecdotes fort drôles,  mais également dense et profond en matière de spiritualité, de découvertes de splendeurs, surtout intérieures, au quotidien, de petits miracles à répétition, et la lumière croissante partagée avec les autres pèlerins.

Soyons bref, je n'ai pas vraiment aimé Santander. Trop grande, trop citadine, trop bruyante, lors de mon prochain pèlerinage sur le chemin je contournerai les grandes villes. Hé bien oui, il est très habituel que le pèlerin devienne un récidiviste invétéré. Dès l'an prochain, si la Providence m'accorde d'en être toujours capable physiquement, je marcherai à nouveau sur la voie étoilée vers les rivages d'occident.
Je voulais donc m'arrêter une journée à Santander pour souffler un peu, mais mes amis de rencontre avaient déjà poursuivi vers Boo de Pielagos, sur la route de Santillana del Mar.

Le soir, j'en profite pour m'offrir un bon dîner avec spécialités locales dont l'inévitable poulpe suivi par une grillade de viande sur feu de bois, le tout bien arrosé, en compagnie de Bruno, un belge rencontré la veille à l'auberge de San Miguel de Meruelo. C'est un multi-récidiviste du Chemin, pas très amène au premier abord, mais que j'ai beaucoup apprécié en le connaissant mieux. Amoureux de la bière, son carburant préféré pour la marche, il est un marcheur infatigable et très expérimenté. Je dirais qu'il doit avoir autour de la cinquantaine sportive.

Le lendemain, après une nuit dans une bonne pension et une vraie chambre pour moi tout seul avec salle de bains, je repars vers Santillana. Je rencontre alors Alba, une catalane extrêmement sympathique et toujours souriante, qui va vite devenir membre à part entière de notre petit groupe, mais n'anticipons pas.

Trajet sans le moindre intérêt. Je vous conseille d'aller lire ce qu'en dit, bien mieux que je ne saurais le faire, Jean-Christophe RUFFIN. 

Par contre, à l'arrivée à Santillana del Mar, je dévouvre une localité d'une beauté à couper le souffle. Architecture médiévale quasi entièrement préservée, vraiment superbe. Je ne savais pas si je retrouverais là mes compagnons de Chemin, Kym Nadine et Frank. Miracle, ils sont en train de se reposer dans le jardin à l'arrière de la belle auberge où nous élisons domicile pour la nuit.

Dîner du pèlerin dans un resto, un peu cher car la ville est très touristique et les prix sont à peu de choses près les mêmes partout, tout étant relatif au regard des prix moyens pratiqués en Espagne bien inférieurs aux prix prohibitifs de l'hexagone où le moindre Chef se prend pour un artiste de haut niveau sous prétexte de ses tentatives de design dans la présentation des assiettes, de la multiplicité et de l'exotisme des ingrédients au fil des modes de cette corporation.   Rien ne vaut des plats simples de tradition réalisés avec des produits naturels et de proximité dans un cadre chaleureux, avec un accueil tout aussi simple et cordial sans emphases ni postures ringardes obligées des écoles hotelières avec main derrière le dos pour servir, ni vocabulaire prêt-à-parler à l'avenant. Simplicité, humilité et talent semblent être en voie de disparition chez nous, à quelques exceptions près, fort heureusement !   

Quant à l'auberge, on pourrait s'y croire au 16ème siècle, même si quelques fautes de goût avec des babioles en tous genres ne sont pas du meilleur aloi. Les aubergistes, quant à eux, auraient pu être  sélectionnés au casting du film « Le nom de la rose » !!! Sympathiques et très accueillants, énormes et peu portés sur le nettoyage de leurs vêtements ou d'eux-mêmes, ils semblent tout droit sortis de l'époque des bâtiments....        
SANTILLANA DEL MAR                            COMILLAS
Je n'ai pas un souvenir très net de cette journée. Nous nous sommes levés à l'aube, départ vers 7H30. Compte tenu de l'état de propreté très moyen de nos hôtes, nous préférons aller prendre un petit-déjeuner à l'extérieur, sauf que.... tout est fermé à cette heure très matinale. Il nous faudra marcher, ou plutôt grimper, pendant 3 à 4 kms avant de trouver un petit bar ouvert, aux couleurs de l'Andalousie dont est originaire la propriétaire et barmaid. Elle a bien sûr un succès fou avec une nuée de pèlerins affamés prêts à tout pour un cafe solo ou americano avec une tortilla ou un bocadillo. Ses chiens miniatures ont eux aussi beaucoup de succès, mais personne ne les a dévorés....   
A l'arrivée à Comillas, mauvaise surprise ! Pour la première fois, la seule auberge  du bourg ne peut pas nous héberger. Avec ses 16 places elle vient d'octroyer les derniers lits avant notre arrivée. Impossible de trouver d'autres hébergements sur place. Le beau temps persistant a rempli toutes les pensions à prix raisonnable. Gasp !! Alba, notre Catalane d'adoption, se met alors à la recherche de 5 lits à proximité, et un hôtel, le Gerra Mayor, à 4 km, accepte de nous louer 2 chambres pour 5 personnes à 100 €, soit 20 € p/p. Acceptable ! Il faut cependant confirmer dans la demi-heure, et c'est à 5 km sur la collline de Gerra  ! La solution est vite trouvée ! Nous louons un taxi, y mettons tous les sacs et je pars avec le chauffeur. Les autres nous rejoindront à pied sur place. Nous arrivons à l'hôtel, je débarque tous les sacs, et là le spectacle est réellement extraordinaire. Je crois que je n'ai jamais vu de ma vie un site aussi beau ! En hauteur, vue plongeante au nord sur un superbe bord de mer précédé d'un paysage très vallonné et au loin, au sud-ouest, la chaine des Picos de Europa qui culminent à 2.650 mètres avec le pic Torre de Cerredo. Magnifique ! L'hôtel et les chambres sont à l'avenant. J'appelle mes acolytes en leur disant qu'ils vont avoir une surprise, sans plus ! Superbe terrasse à l'extérieur, où je m'installe en attendant, après avoir commandé une bouteille d'Albariño, très bon vin blanc sec du coin.  A leur arrivée, une heure plus tard, ils sont complètement épatés !!
Nous allons rester là jusqu'à la tombée de la nuit en prenant moult photos... et verres de vin. Les miennes sont plutôt ratées mais je vous les montre tout de même !     
J'apprends que de nombreux surfers Australiens viennent régulièrement en Cantabrie pour profiter des vagues sans risquer rencontrer des requins.... et c'est bien moins cher que la côte Atlantique française. 
COMILLAS (GERRA)                              LA FRANCA via COLOMBRES
Si la soirée fut paradisiaque et bien arrosée, la nuit fut un véritable enfer pour Frank l'Australien et moi-même ! Une armée de moustiques s'est acharnée sur nous toute la nuit !!! Au petit matin nous n'avions pas beaucoup dormi et ressentions les effets agréables de piqûres multiples ! Par contre, nos voisines qui occupaient la chambre d'en face n'en ont pas eu un seul..... Ca, c'était un miracle à l'envers. Merci Master Jaques !!!

Longue de 23 kilomètres, l'étape du jour va nous faire traverser le fleuve Deva (Dieu en sanskrit) qui matérialise la limite entre Cantabrie et Asturies

Ce matin nous suivons une longue plage qui nous mène jusqu'à San Vincente de la Barquera, superbe site et très belle ville avec un château dominannt que nous n'aurons pas le temps de visiter.  Phénomène curieux, en marchant j'entends des habitants siffler à plusieurs reprises, jusqu'à ce que je me rende compte qu'ils modulent leurs sifflets qui forment un langage à l'intention de connaissances repérées de l'autre côté de la rue ou un peu trop loin pour leur adresser la parole.
A partir de cette petite ville, il est possible de bifurquer  pour prendre une voie alternative montagneuse, le Camino Lebaniego. Ce dernier, au bout de 72 km offre plusieurs possibilités pour rejoindre le Camino Francès à Mansilla de las Mulas (ruta Leonesa ou Vadiniense) ou Carrion de los Condes (ruta Castellana). Ces variantes ne semblent ni très connues ni très pratiquées (à vérifier cependant). Quant à nous, nous continuons sur le classique Camino del Norte.       

Première partie de l'étape du jour peu intéressante le long d'une route nationale - encore la N634 - avec beaucoup de vent. Mes compagnons de route veulent alller voir une plage à une heure au nord du Chemin. Je décline l'offre, 2 heures de route supplémentaires me paraissant un peu trop pour moi aujourd'hui.

Je continue donc tout seul, et à Unquera, je traverse triomphalement le pont sur la Deva pour entrer en Asturies. Tout de suite après le pont, une petite route pavée, le Camino Cantu, grimpe très abruptement sur près de 1,5 kilomètre jusqu'à Colombres, où je ne fais que passer en récupérant au passage un coup de tampon pour ma crédentiale à l'alberge locale. C'est un petit bourg qui a la particularité de compter quelques maisons superbes de style colonial avec de grands jardins arborés, construites par des familles d'émigrés à leur retour d'Amérique. 

Puis à nouveau la N634 jusqu'à La Franca, petit bled où j'achète une bouteille de vin pour le soir dans une épicerie style fond de province des années 50 chez nous. Très bon accueil, comme c'est le cas la plupart du temps lorsque vous vous adressez aux personnes dans leur langue natale. Ensuite, petit flottement, le camping de Bungalows Playa de la Franca où nous avons réservé nos places pour la nuit est mal signalisé, et j'hésite à plusieurs reprises pour enfin trouver la bonne bifurcation. Le GPS est bien utile dès que l'on quitte le Chemin balisé.  

200 mètres avant l'arrivée, un taxi approche et s'arrête à ma hauteur.... avec mes 4 comparses à bord. Kym avait très mal aux pieds et avait du mal à avancer.
Les bungalows sont minuscules mais corrects. Diner avec une bande de 3 joyeux allemands ! Menu du pèlerin standard, qui tient au corps, avec quelques bouteilles de vin pour faire passer le tout qui n'a rien de gastronomique. Tout le monde finira bien éméché...  
San Vicente de la Barquera
Pont sur la Deva à Unquera - Point de passage de Cantabrie en Asturies
Colombres - Maison  construite par des colons à leur retour des Amériques
Matin très gris, le long de la désormais «fameuse» N-634 rapidement, le tout arrosé par un fin mais dense crachin à la bretonne. Pas de petit-déjeuner servi au camping. Nous nous arrêtons quelques kilomètres plus loin dans un bar-albergue privé tenu par un Polonais qui s'est installé là, je ne sais plus si c'est à la suite d'un pèlerinage. Tortillas de patatas y cafe americano (café long) + .... 1 whisky commmandé par notre pompier australien. Peu de temps après cette pose, Kym a de plus en plus mal à cause de ses pieds en très mauvais état (je n'ose pas vous montrer les photos). Elle a beaucoup de difficultés à avancer ! Nous décidons qu'elle prendra le train un peu plus loin, à Pendueles jusqu'à Llanes, 10 km plus loin. Je propose de l'accompagner, et les autres nous rejoindrons plus tard.   

A l'arrivée, nous nous rendons compte que l'auberge jouxte la gare. Nous y déposons nos sacs et partons en reconnaissance dans la ville, que notre hôtesse de la veille nous avait annoncée être en fête pour plusieurs jours. He bien le mot fête est un peu court pour décrire ce à quoi nous avons assisté. Une ville entière moblisée et costumée - superbes costumes asturiens, tant ceux des hommes que ceux des femmes. Nous arrivons au centre ville juste à temps pour assister à une procession phénomélnale avec plusieurs milliers de participants. Plus que des mots, voici de brefs extraits de l'évènement, évènement que nous aurions raté si nous n'avions pas dû prendre ce train.

   
LA FRANCA                             LLANES
Un enchantement !! Tout le monde participe, des bébés aux plus anciens ! Et il y a d'autres fêtes en juin, juillet et août dans toutes les villes des Asturies !! Et chacune dure plusieurs jours ! Quelle belle culture vivante comme nous aimerions en avoir encore chez nous. C'était encore le cas dans les années 50 et 60 au fond de mon Périgord, mais ces manifestations d'existence des peuples ont été laminées, éradiquées par la globalisation, la chrématistique reine. Le Culte du Profit et de l'Avidité a tué la vie des cultures locales et régionales qui savaient préserver la joie et la fierté de tous au-delà des conditions de vie matérielles difficiles des moins favorisés économiquement.  

Le reste de notre dreamteam internationale nous rejoint dans l'après-midi, frustrés d'avoir raté la moitié de la fête, mais les manisfestations copntinuent avec un défilé de tous les habitants chantant et dansant dans la joie à travers les rues pendant des heures. 

Ce soir, Frank, notre Australien, prépare un dîner de pâtes pour tous les résidents de l'Albergue ! Il est d'origine Italienne et par voie de conséquence, ses pâtes sont excellentes, superbement cuites, al dente ! 
LLANES                       RIBADESELLA
Départ à l'aube ce matin !  Longue étape de 34 km plutôt agréable ! Petites routes peu utilisées par les chars à pétrole. Premier rrêt pour casse-croute ! Le proprio de l'établissement est très désagréable ! Nous semblons être des empêcheurs de tourner en rond ! Nous consommons en conséquence un minimum avant de déguerpir. Au passage, j'échange quelques mots avec une française attablée en solitaire, Amandine.

5 km après Llanès, nous rejoignons la côte, et là, splendeur du rivage Asturien !! Magnifique site de la Playa de La Capilla, avec les restes de l'Ermita de San Martin. La mer est remontée, très remontée pour citer à nouveau Raymond DEVOS.

Les mots sont ici encore bien insuffisants. Regardez !  
 
Après cette merveille, où nous passons un bon moment, dans tous les sens du terme, nous continuons jusqu'à Nueva de Llanes. A l'arrivée, la faim me tenaille, et faute de candidatures, je reste seul pour m'offrir un bon déjeuner dans un endroit à recommmander, Le Bar Central. Accueil chaleureux, excellent rapport qualité prix. J'y apprends qu'un accident de train s'est produit dans la région (Galice ? )  avec plusieurs morts.
En sortant du restaurant, je tombe sur Amandine, la jeune Française que j'avais croisée le matin. Nous discutons et décidons de continuer ensemble pour la journée. Au départ, elle n'était pas enthousiaste car elle avait décidé de marcher seule mais elle veut bien faire une entrave à sa règle monacale.. à ma plus grande joie car elle est d'une compagie très agréable et très marrante de sûrcroit ! Elle vit dans la banlieue sud de Paris où elle exerce ses talents de documentaliste dans une bibliothèque pour enfants.
Catholique, elle a une vraie culture en matière de spiritualité et me raconte quelques anecdotes, notamment à propos de ses discussions théologiques avec un praticien du Judaïsme. Elle utilise un vocabulaire de charretier, c'est à mourir de rire. J'aime beaucoup sa compagnie. Nous deviserons ainsi juqu'à Ribadesella.

A l'arrivée, Ribadesella est en bord de mer et nous sommes un vendredi soir ! Nous comprenons vite que trouver un hébergement va s'avérer mission impossible. Les Albergues pour pèlerins affichent complet et toutes les pensions sont pleines à craquer. Les hôtels ce n'est pas mieux ! Comme le pire des gougnafiers, j'abandonne Amandine en lui indiquant la direction d'un énième hôtel, car entretemps, j'ai retrouvé ma petite bande attablée à un bar de la ville où nous buvons allègrement, de la bière pour les anglophones et du cidre local pour moi. Tout à coup un anglais rallié au groupe me fait signe de le suivre car il est possible qu'il reste une chambre dans son hôtel mais il ne faut pas trainer. Et ouf, il y a bien une chambre, la dernière....

Mes jeunes camarades préfèrent continuer vers San Esteban de Leces en taxi où ils ont trouvé un hébergement.

Je reste sur place et pars à la recherche  d'Amandine, que je ne retrouverai pas, à mon plus grand regret et je m'en veux beaucoup à cause de mon attitude de goujat à son égard.

Toujours à la recherche d'Amandine, sur un banc au bord de la baie,  je retrouve Frantz, un ingénieur chimiste Allemand avec qui nous avions dîné à Santillana del Mar.  Cet homme d'une soixantaine d'années (?) est sympathique et intéressant. Nous discutons un brin avant de nous rendre compte que nous logeons dans le même hôtel, et que sa chambre est voisine de la mienne !!! Encore une espièglerie de Master Jack.... 

Nous allons fêter ça dans un très bon restaurant de poissons où l'on nous prépare un superbe turbot que l'on désarête devant nous et que l'on nous sert avec un excellent Marques de Murietta, mon Rioja préféré. Adresse à retenir, à peu près raisonnable !    

     
RIBADESELLA                       VILLAVICIOSA
RIBADESELLA
RIBADESELLA                        VILLAVICIOSA
Problème de logistique ce matin. Je suis le seul de notre petite équipe à être resté derrière.
Les autres, plus jeunes et plus vigoureux, marchent la plupart du temps plus vite que moi.
Pour les rattraper, il n'y a pas 36 solutions. Ils sont partis en taxi hier soir, je vais essayer de les dépasser en bus ce matin. Ils me rattraperont ainsi tôt ou tard.  Je fais donc quelques kilomètres en autocar. Petite parenthèse : ici, tous les autocars sont équipés de WIFI gratuit ! Je ne sais pas si c'est le cas en France !!

Je quitte donc mon bus quelques kilomètres pus loin en espérant que mes camarades sont désormais derrière moi.

Petites routes agréables sans quasiment aucune circulation avec des passages en chemins et forêts rendant la marche plutôt agréable même si quelques montées abruptes et un peu longues doivent être affrontées. Je discute avec des cyclistes italiens, puis avec un Français qui me dépasse. Tout à coup, j'éclate de rire ! Et voilà pourquoi : 
Au même instant éclatent des rires derrière moi ! Ce sont Nadine, Alba et Javier, rejoints par Omar, un assistant du Procureur (?) ou du représentant de la justice fédérale (?) à Porto-Rico.
Il marche en écoutant en permanenece de la salsa sur son smartphone. Discret malgré cela, et très sympathique ! C'est lui qui prendra en selfie la photo des sept samouraïs du Camino (voir Les Anges).    Il est à droite de notre photographe professionnnel Argentin sur la photo ci-dessous. 
Devant Omar et Javier, vous pouvez voir un grenier typique des campagnes Asturiennes. Ces greniers sont construits sur des piliers en pierre surmontés de disques, en pierre également, qui empêchent les prédateurs de pouvoir atteindre le grenier. « L'hórreo asturiano est peut être la forme la plus aboutie des greniers d'Espagne, une oeuvre de charpentier tout en bois assemblé sans aucun clou, seulement des languettes et rainures plus des chevilles. »
Nous verrons plus tard que les greniers de Galice sont assez différents.

Il va encore nous falloir grimper quelques pentes longues et fatigantes ! Mais le paysage des Asturies est très agréable, notamment les passages en sous-bois, et nous sommes vraiment bénis en matière de conditions météorologiques. Pas de pluie, pas de chaleur excessive ! Alba nous a trouvé pour ce soir un logement dans une maison privée. Nous sommes reçus par un couple très acueillant, dans la cinquantaine, au bord d'un hameau à quelques kilomètres de Villaviciosa. Je ne suis pas sûr que leur acticvité d'hébergement soit déclarée aux autorités, mais nous y sommes très bien, notre hôte nous aide à faire la lessive pendant que notre hôtesse prépare le dîner. Nous aurons droit à une paella de bonne qualité et à un vin correct... à volonté !

Usine de production de cidre El Gaitero à l'entrée de Villaviciosa
Le nom de la ville, Villaviciosa, était déjà utilisé depuis le 14ème siècle. Il ne semble pas être lié à quelques pratiques vicieuses que ce soit, mais à l'abondance de la production agricole, notamment les pommeraies. Il n'empêche que viciosa veut bien dire vicieuse, voire salope, en espagnol. Si d'aucuns à la lecture de ces lignes ont quelque éclaircissement à me donner, je suis preneur. 

Après Villaviciosa, il va falloir grimper juqu'à El Alto de la Cruz, ce qui veut dire 400 mètres d'ascension dont 300 mètres  en moins de 3 km. Trop fatigué, je renonce, j'abandonne ma petite troupe et je prends un taxi jusqu'à Peón, 15 kms plus loin !! Sur le chemin je me rends compte que j'ai sans doute bien fait !!
Le taxi me dépose au bar restaurant Casa Pepito. Il me reste un peu plus de 15 km à faire, dont le passage d'un col, plus raisonnable, El Curbiellu

Ensuite, descente vers Deva, jusqu'au camping. Depuis peu, une voie alternative évite la traversée des zones d'approche commercialo-industrielles et résidentielles de Gijon (Xixon en Asturien) par des petits chemins plutôt sympas jusqu'à Puente de la Guia où je prends l'avenida de la costa.... en direction de la gare. J'ai décidé d'arrêter là ! Le reste sera pour l'année prochaine. J'ai réservé mon train dans le bus (vive le WIFI), je n 'ai plus qu'à récupérer mon billet à la gare. Je dois passer par la ville de León avant de reprendre un train vers le Nord et la frontière Française. Comme j'ai le  temps, je m'arrête pour déjeuner dans un resto-cidrerie,  le Rubiera, que je vous conseille fortement, où je profite de mon dernier cidre Asturien avec un  très bon poisson grillé. La part de poisson, un robadallo, turbot en français, est gigantesque et les prix forts raisonnables.   

Une fois dans le train, je pense à ma première destination, León, et je me souviens que cette ville est sur un autre itinéraire du Chemin de Saint-Jacques, le plus emprunté, le Camino Francès. Et tout à coup, Eureka, je ne vais tout de même pas rentrer comme ça, ce que je prendrais pour une véritable défaite.
Le Camino Francès est réputé plus facile, même si les altitudes y sont nettement plus élevées, le point culminant se situant à Foncebadón, à plus de 1.500 mètres d'altitude.     

C'est décidé, je vais essayer cette nouvelle voie, au moins quelques jours, après un ou deux jours de repos à León.      

VILLAVICIOSA                         GIJON
En ce matin du 11 mars, départ pour Gijon ! Nous traversons Villaviciosa, totalement vide, au lendemain d'un jour de fête locale. Las fiestas de Nuestra Señora del Portal durent du 9 au 14 septembre. Les fêtes en Asturies, comme en Cantabrie et au Pays Basque sont légions, très animées et durent plusieurs jours. A Villaviciosa et alentours, il y a des fêtes en mars, en juin, en juillet, août et septembre....   Toutes ces fêtes ont a priori une motivation religieuse mais donnent lieu à des activités tout à fait profanes et à des consommations d'alcool assez phénoménales. Ce matin là, il reste quelques fêtards en goguette continuant à consommer le cidre local et autres breuvages dans le dernier bar encore ouvert.... à 9H00.  

Il faut dire que Villaviciosa est le centre de production de cidre le plus important de la région pour les Asturies. Le cidre y est la boisson la plus consommée - peut être désormais après la bière. Il est très  brut, très très brut, voire amer, et il fait l'objet d'un rituel de service obligé dont je vous montrerai une photo plus bas, bien plus parlante qu'un long discours. Très peu sucré, il est recommandé pour les diabétiques !!!!
Gijon
Service du cidre au Rubiera